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Marionnettiste 

20 Juin

Quand on assite à un spectacle de marionnettes on ne voit pas les marionnettistes, mais on les devine aux manettes dans l’ombre. Toute leur habileté est de s’effacer derrière des personnages qui paraissent libres de se mouvoir et de s’exprimer. Il en va  de même aujourd’hui avec Emmanuel Macron. Il se veut non seulement le « maître des horloges » mais également le « magicien des ficelles ». Conforté par des législatives triomphantes, le chef  de l’Etat dirige désormais la manoeuvre à son rythme avec une constante : ne pas apparaître en première ligne tout en restant chef d’orchestre. Par son positionement central, le nouveau président  force les deux partis instituionnels de la Cinquième République, à trouver de nouveaux espaces de visibilité. Irrémédiablement une fraction des  Républicains va opter pour la ligne droitière incarnée par des figures comme Eric Ciotti ou Laurent Wauquiez. Une autre va rechercher le rapprochement avec le gouvernement à l’image des constructifs qui souhaitent avoir leur propre groupe au Palais Bourbon. Pris entre deux forces centrifuges En marche et le Front National, la droite traditionelle est en recherche de logiciel gagnant. Elle n’est pas la seule, car  le Parti Socialiste dont l’effondrement historique s’accompagne de la poussée des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, doit lui aussi recalculer son cap idéologique. Comme les Républicains il a vu une partie des siens s’inscrire dans la majorité présidentielle et ses troupes ont fondu de manière cataclysmique. De part et d’autre du paysage politique les anciennes chapelles ont besoin de grands ravalements. Cela exigera des idées nouvelles et surtout des leaders capables de fédérer. Or faute de chefs charismatiques, on observe pour l’instant l’émiettement là ou le rassemblement devrait s’imposer. Dura lex sed lex, les astres dominants d’hier sont devenus des satellites jupitériens  qui doivent s’habituer à leurs nouvelles orbites. Libre de tout compromis, avec un allié Modem qui va sortir du gouvernement tôt ou tard sous la pression des affaires le visant, Emmanuel Macron est plus que jamais le grand marionnettiste.

Boussoles

26 Avr

Le monde politique  est  en apesanteur depuis l’accession au second tour de la présidentielle, d’Emmanuel Macron et Marine le Pen. Quand on a eu l’habitude des joutes finales, il est difficile de se retrouver spectateur avant la fin de la partie. Chez les Républicains qui expermentent pour la premiere fois  la dureté du banc de touche, c’est le rendez vous des déboussolés.  Il y a ceux qui feront barrage au Front National sans hésiter en se ralliant à Emmanuel Macron. Il y a ceux qui ne sont pas éloignés du parti lepeniste sur certaines questions, mais  n’osent pas appeler au vote bleu Marine. Alors ils se refugient dans l’abstention ou le vote blanc. Il y a enfin ceux qui pensent aux prochaines législatives en rêvant à une victoire de leur camp. Ils privilégient le service minimum, à savoir s’opposer au Front National mais sans dire clairement « votez Macron ». Chez les socialistes la gifle est aussi douloureuse. Absents du second tour avec un score historiquement bas, il constatent avec amertume la bonne santé des Insoumis de Jean Luc Mélenchon. Pour eux aussi les législatives ne promettent pas des lendemains triomphants. Conscients de ces pertes de repères traditionnels les deux finalistes vont aller chasser les voix qui ne savent plus à quelle urne se vouer. Pour y parvenir Marine Le Pen a choisi l’opposition entre identité nationale et  mondialisation, en se présentant comme la candidate du peuple. Celle qui veut défendre tous les oubliés de l’ouverture des frontières sociales culturelles et économiques.  Pour ne pas rebuter ses nouveaux électeurs, elle peaufine son image  de  présidentiable. Elle sait que  le Front National est entré dans les moeurs. Les mobilisations comme celles de 2002 contre son père appartiennent dorénavant au passé.  Elle  laisse donc  tactiquement  ses lieutenants distiller le discours discriminant de l’extrême droite pendant qu’elle nous la joue responsable au dessus de la mêlée . Attention arnaque ! Derrière  le vernis il y a toujours le fond de commerce fétide et  ses diatribes haineuses et racistes sur l’immigration, l’Islam et le communautarisme galopant. La séduction d’un monstre ne change jamais sa nature immonde. C’est pourquoi  Emmanuel Macron  doit mener une  campagne de second tour  où il ne retiendra pas ses coup et oubliera le consensus permanent. Ce positionement clair est vital , pour que l’electorat  hésitant le suive sans retenue. L’heure n’est plus à la gentillesse car Marine Le Pen ne lui fera aucun cadeau. Il ne s’agit pas simplement de l’emporter le 7 mai, mais  de s’imposer largement car le Front National n’est qu’une dangereuse illusion.  Le scrutin du 23 avril a rebattu toutes  les cartes. Et dans cette   grande remise en cause des idées et des hommes, les vrais gagnants seront ceux qui offriront à l’opinion les boussoles les plus pertinentes. Rien n’est gagné d’avance !